vendredi 9 janvier 2009

Colette Sanson

Pour son excellente biographie (Doux dehors, fou dedans, Jean-Claude Lattès, 2001), Jean-François Brieu a rencontré Colette Sanson, mère de Véronique et Violaine, en décembre 1997, puis en mars 1998… et il a eu la lumineuse et généreuse idée d’envoyer ses cassettes d’interview à Véronique il y a quelques mois. Qu’il en soit ici remercié ! Elles ont été dûment numérisées et il apparaît qu’on dispose là d’un incroyable témoignage sur la Seconde guerre mondiale. Colette et René Sanson n’étaient pas du genre à se glorifier de leurs exploits, ce qui donne d’autant plus d’intérêt au récit retranscrit ici. J’ai tâché de retrouver l’orthographe exacte des noms cités (merci Google). Si vous y voyez une erreur, n’hésitez pas à la signaler.

“On était des mystiques,
on n’était pas normaux”



“L’imbécile est devant vous !”
En 1940, pendant la drôle de guerre, je travaillais dans les bureaux de l’état-major de l’armée à l’École militaire à Paris. Avant ça, j’ai fait un an de droit mais mes parents ne pouvaient pas me faire poursuivre des études supérieures. Ils m’ont dit “Il faut quand même que tu gagnes ta vie” et je suis devenue secrétaire à différents endroits avant finalement d'arriver dans une affaire d’assurances cinéma – très intéressante profession, c’était très amusant. Là-bas, mon patron, qui s’appelait Mizrah,
m’avait dit “Vous savez les Juifs, on les envoie dans un pays qui s’appelle Pitchipoï” et Pitchipoï on ne sait pas ce que c’est, c’est comme l’Eldorado, c’est un pays imaginaire. On disait “Le pauvre, il a été emmené par la police et il doit être à Pitchipoï…” Pour ne pas être envoyé là-bas, il nous a donc licenciés avec mon autre collègue avant de partir aux États-Unis et, à ce moment-là, un ami de mon père a dit : “Si ta fille le veut bien, elle peut entrer à l’état-major parce qu’on a besoin de quelqu’un de sûr et qui parle anglais”. Alors je suis entrée dans une équipe merveilleuse d’officiers avec qui j’ai gardé des contacts extraordinairement chaleureux et nous nous occupions de sabotage. À un moment donné, nous avions préparé le sabotage d’un cargo à Rotterdam. On m’a dit d’aller au Chiffre pour voir s’il y avait des nouvelles de ce cargo. Je suis donc allée au Service du chiffre qui n’était pas à l’école militaire mais avenue de [nom pas compris] pour attendre les dépêches. En attendant, on m’a demandé si je pouvais aider à décrypter des télégrammes en provenance de Hollande – ce que j’ai fait et je suis tombée sur un télégramme qui provenait de La Haye  et qui indiquait que les Allemands étaient prêts à attaquer. Ça devait se situer tout au début du mois de mai 40. Ce télégramme était mal crypté, il y avait une erreur, et à l’époque il n’y avait pas de machine, donc quand on faisait une erreur de chiffres c’était un puzzle terrible… mais comme au début du télégramme il y avait tellement de choses intéressantes, j’ai passé la moitié de la nuit à le déchiffrer. 
Et la débâcle est arrivée, je suis partie avec mes officiers (je dis mes officiers pas du tout parce qu’ils m’appartenaient mais parce que je les aime beaucoup). On est arrivés à Toulouse et là, il y avait tous les gens qui étaient repliés des services spéciaux et, entre autres, il y avait un jeune homme qui était là et qui venait de La Haye et je lui ai dit “Je ne sais pas quel est l’imbécile qui a codé le message qui annonçait l’attaque allemande” et il m’a dit “L’imbécile est devant vous !” (rires). Ce qui fait que ça met du liant. On avait en plus beaucoup d’idées communes sur la guerre et donc on s’est bien trouvés. 
Mon mari était étudiant en droit, il a fait la guerre comme tout un chacun et il a été envoyé à La Haye parce qu’il parlait l’anglais, l’allemand et le néerlandais. C’est comme ça qu’il s’est retrouvé au cabinet de l’attaché militaire de l’ambassade de La Haye et comme les chiffreurs, deux ecclésiastiques, étaient partis en vacances, ils lui avaient donné seulement les rudiments… C’est pour ça qu’il avait fait une petite erreur.


Le réseau du Musée de l’Homme
La France était partagée en deux mais on avait des antennes en zone occupée et en zone non occupée. À cause du métier que j’avais fait à l’état-major, j’avais beaucoup d’adresses d’agents à l’étranger, à Tanger, à Gibraltar… En revanche mon mari avait beaucoup de possibilités de contacts avec des informateurs. À ce moment-là, le commandant de mon antenne de Paris m’a dit “Est-ce que vous voulez que je vous case à Vichy ?”. Il fallait bien vivre, nous sommes allés à Vichy. Pour mon mari aussi c’était intéressant parce que c’était là où les choses se passaient. Et au cours d’un voyage il a été contacté par un garçon qui s’appelait – il est mort maintenant – André Weil-Curriel et qui était un membre du réseau du Musée de l’Homme. C’était le premier réseau vraiment organisé. D’ailleurs ils ont payé très vite : c’est là où il y avait Vildé et Lewitsky qui ont été fusillés. Les femmes ont été condamnées à mort, les hommes ont été exécutés. Et donc on nous a demandé d’essayer de réunir des renseignements pour les envoyer aux Alliés. J’avais plusieurs adresses – j’avais l’autre bout du robinet si vous voulez – et mon mari avait un ami qui était très actif, Pierre Viénot, un député socialiste si mes souvenirs sont bons et qui avait fait beaucoup pour aider les Tunisiens à se sortir de la colonisation – ce dont ils étaient très reconnaissants. Il fonctionnait en zone Nord, donnait des renseignements et il recrutait. Et il y avait un autre garçon qui était en zone Sud, qui est devenu commissaire de la République à Toulouse et qui s’appelait Pierre Bertaux, qui a été directeur de la Sûreté, et qui faisait le recrutement dans la zone Sud. On réunissait les informations. Au début on n’avait aucune autre façon que d’écrire à l’encre sympathique dans des revers d’enveloppes. C’était pittoresque… J’ai donc envoyé des informations à Tanger, un de nos ex-agents de l’état-major, qui s’est fait arrêter. Sur lui, il y avait une de nos lettres et on a été arrêtés à Vichy, le 20 décembre 1940. On nous a interrogés sans relâche. On est restés 3 jours sans se déshabiller – ce qui est très dur : on avait l’impression d’être répugnants… Et ils nous ont relâchés, parce qu’évidemment on a nié jusqu’à plus soif. On nous a laissé partir. C’était le 24 décembre 40. Et là on s’est dit que Vichy était peut-être un peu trop chaud pour nous. Nous avions un contact à Marseille, qui nous a probablement sauvé la vie à tous les deux, qui était un négociant en grains, Michel Godschmidt, que nous ne connaissions pas mais dont nous connaissions la belle-sœur qui nous avait donné un mot de passe pour se présenter devant lui. Il n’a pas hésité une seconde, il nous a hébergés et on est restés à Marseille pendant quelques mois. On continuait à fonctionner avec des moyens quand même un petit peu moins rudimentaires, avec une antenne à Monte Carlo qui pouvait envoyer des messages radio. Ensuite on a été hébergés à Cannes chez une femme merveilleuse qui a été une grande figure de la Résistance, Bernadette Ratier, qui nous a reçus dans une villa extraordinaire, une villa de fous. Tout le monde était complètement fou. C’était très curieux. Quand nous sommes arrivés, il pleuvait comme il peut pleuvoir dans le Midi. Il y avait ce rideau de pluie et dans l’allée, il y avait une balançoire et sur cette balançoire, il y avait une jeune fille qui se balançait en robe blanche sous la pluie, et un Indochinois avec un parapluie pour l’abriter.

Dénoncés par un officier français
Mon mari à ce moment-là était très très net, tout à fait victorien, avec un pardessus noir, un parapluie idem et un chapeau à bords roulés. Il se piquait – et il se pique toujours d’ailleurs – d’être très élégant. Et quand nous sommes arrivés, Bernadette Ratier a dit à mon mari “Ah je vois ce que c’est, vous êtes le père de la bonne !” (rires) En deux minutes, elle nous a dit “Absolument, je vous héberge sans problème. Vous pouvez rester là.” Il y avait une véritable tribu dans cette villa, avec des gens qui étaient en cavale ou qui allaient l’être. Et il y avait un vieux général, le général Mordacq, qui avait été, si mes souvenirs sont bons, le chef de la maison militaire de l’Élysée au moment de Lebrun. Lui au contraire était très rigoureux, très strict et il nous regardait avec un air très réprobateur parce qu’on était tout fous, bien sûr. Là on a quand même fonctionné très très bien, on a eu beaucoup de renseignements qu’on a transmis par le boulevard des Moulins à Monte-Carlo… et puis nous avons été dénoncés, par un officier français – ça je dois dire que je l’ai encore en travers de la gorge… Un jour, le 7 août 41, mon mari a été arrêté à Marseille chez Michel Goldschmidt, et le 8 août, j’ai été arrêtée à Cannes. Les inspecteurs m’ont dit : “Vous savez, on vous emmène à Marseille mais c’est une routine, on vous ramènera dans 48 heures” et j’ai pris, heureusement – au mois d’août c’était pas évident – une robe de chambre matelassée et une robe de crêpe de Chine  – c’était la mode à l’époque, des petits escarpins et puis rien d’autre puisqu’on devait me ramener… mais je suis restée 15 mois en prison, dont 8 au secret. Mon mari était au Fort Saint-Nicolas à Marseille où il a rencontré les gens du Destour (Bourguiba, Nouira…). Ils étaient là en même temps que lui, ce qui fait que quand on est allés en Tunisie, on a un peu eu le tapis rouge quand même…


Pas de lumière et à manger tous les 3 jours

Moi j’étais dans une immonde prison qui s’appelait Les Présentines qui, grâce au Ciel, a été démolie. C’était un ancien couvent, répugnant. C’était plein de vermine : des cafards, des poux, des punaises, des rats. Les rats ça m’est égal, mais les punaises, les poux et les cafards, c’est affreux. Alors je dois avoir une mentalité spéciale parce que je ne me suis pas affolée du tout, j’étais sûre d’en sortir. Quand on est au secret, on ne vous sort même pas, mais après quand j’ai été mélangée avec toutes sortes de détenus de droit commun – parce que finalement l’article 75 qui traite de trahison, c’est un article du Code pénal – je me suis dit : “Par où est-ce que je vais pouvoir sortir ?”. Mon mari, lui, a été 9 mois au secret. Je pense que Saint-Nicolas était très dur, mais plus propre. Quand on est au secret, pas de lumière et à manger tous les 3 jours, c’est horrible. Vous perdez le sens du temps. Vous ne savez pas si c’est le jour ou la nuit. Pendant 3 jours, vous ne voyez personne. Alors les co-détenues s’arrangeaient pour faire beaucoup de bruit quand elles descendaient à la promenade pour que je sache à peu près l’heure qu’il était – parce que le cachot était au sous-sol. Au bout de 15 mois, nous avons été jugés par un tribunal militaire, conseil de guerre. Ça a été assez épique. J’ai été condamnée à 15 mois de prison, donc j’avais fait mon temps, et mon mari a été condamné à 30 mois. Je me suis préparée à sortir de prison mais il y a un aimable préfet de Marseille qui s’appelait l’amiral Rodelette du Prosic (?) qui a considéré que j’étais dangereuse pour la santé publique et la Défense nationale et qui m’a envoyée dans un camp de concentration dans un petit bled qui s’appelle Brens, en zone non occupée. Donc les gardiens étaient français, le commissaire était français bien sûr mais à un moment la zone Sud a été envahie. Les Allemands sont arrivés et à ce moment-là, en novembre 42, du camp où j’étais, sont partis des convois pour l’Allemagne… Ils ont pêché dans les dossiers et ont d’abord déporté les opposantes allemandes, les communistes, les catholiques (il y avait une sœur allemande qui a été déportée). Tout ce monde-là n’est jamais revenu bien entendu… Ensuite ils ont déporté les juives, les communistes françaises… Les Polonaises se sont trempé les pieds dans l’eau bouillante pour ne pas partir, mais les Allemands les ont mises dans les camions avec leurs pieds ébouillantés. Les gitanes aussi naturellement, Il y en avait un paquet parce qu’elles étaient venues entre autres avec les Espagnols de la guerre d’Espagne. Il y avait beaucoup d’Espagnols à Brens et c’est d’ailleurs là que j’ai perfectionné mon espagnol. Il y avait des femmes et des enfants. Les femmes ne disaient pas grand chose quand je faisais une faute, mais les enfants ne vous loupent pas : “Ah t’as dit ça, c’est pas comme ça que ça se dit !” Et donc quand on a vu que ça se rapprochait, que les Gaullistes allaient bientôt être déportés, on s’est dit : “Il faut qu’on sorte de là”. C’est très curieux parce que le camp de Brens est sur le bord du Tarn et le Tarn est très encaissé, c’est pas du tout les gorges du Tarn. Sur le côté du fleuve, il y avait très peu de gardes. Sur l’autre côté, c’était les miliciens qui nous gardaient et sur le côté routes et prairies, il y avait également beaucoup de gardes. J’étais avec une autre fille qui était gaulliste aussi, et on ne savait pas ce qu’on allait trouver en sortant du camp… On s’est rapprochées d’un milicien qui était plus âgé que les autres, et qui avait l’air d’être un peu plus humain et on lui a expliqué qu’on allait gagner la guerre et qu’après la guerre, il serait fusillé. Ça lui était complètement égal. Mais quand on lui a dit : “En plus, on vous supprimera votre retraite”, là il a dit “Tout mais pas ça” (rires). Alors on lui a dit : “On a une pince, on va couper les barbelés – qui n’étaient pas électrifiés – et on va passer sur le chemin qui borde le Tarn.” Il nous a dit “Moi, je ne vous verrai pas”. Il n’a pas eu besoin d’ailleurs parce qu’il n’était pas là le jour où on avait décidé de partir. 

“Le Ciel était avec nous”
C’est très curieux parce que là vraiment le Ciel était avec nous. On avait décidé qu’on s’évaderait tel jour, le 23 août 1943. Et ce jour-là, il y a eu un orage, un orage du Midi. Ce qui fait que les gardiens étaient dans leur guérites, les chiens le nez dans les flaques, et on est passées sans problème. On s’est trouvées sur un petit sentier qui bordait le Tarn dans une nuit absolument noirissime. Moi j’avais un bleu de mécanicien, qu’on avait volé bien sûr parce qu’au camp on portait la robe de bure et des sabots. J’avais mis mes escarpins dans une petite valise en toile que j’ai gardée, qui est répugnante – c’est le moment de le dire : elle a fait la guerre. J’avais dit à mon amie “On aura l’air de touristes”. On avait un peu d’argent parce que sa sœur était venue la voir et lui avait glissé quelques billets qui correspondraient peut-être maintenant à 500 francs. C’était une fille d’un courage inouï, je l’avais repérée au regard. Elle avait un regard bleu électrique et me paraissait volontaire, parce qu’il faut quand même un peu de courage pour s’évader : les gardiens ont des mitraillettes… On a quand même concocté toute cette histoire et la chance a voulu que cet orage éclate qui a neutralisé gardiens et chiens. On ne voyait rien, on s’est dit qu’il fallait descendre adossées à la paroi, on se retenait aux petits arbustes. Ça allait de plus en vite, on est arrivées en bas dans la boue du Tarn jusqu’aux genoux. Alors on a bien retrouvé nos pieds, mais on n’a pas retrouvé nos chaussures… On a marché pieds nus… C’était le couvre-feu et quand on voyait arriver une voiture, on s’en allait dans les champs… mais le 23 août les moissons sont faites… On était couvertes de boue comme il est pas permis. On est parties vers 11 h 30, minuit et on a marché toute la nuit. Le long du Tarn, on ne voyait rien, on ne savait pas par où remonter… et on a trouvé une pile de bois coupé. On s’est dit “Si ces gens sont descendus pour couper le bois, ils ne sont pas descendus par parachute, donc on va trouver un sentier…” Et effectivement, on est remontées et on vu “Albi 35 km” sur les merveilleuses petites bornes blanches et rouges qui me manquent bien sur les routes maintenant. 



35 km pieds nus
J’avais une adresse à Albi, celle d’une amie de ma sœur. Je me suis dit que j’allais sonner à sa porte… mais c’était le 23 août… les vacances… Il y a une fenêtre qui s’est ouverte “Ah Madame Untel, elle est partie en vacances avec ses enfants”. Entre temps, on s’était lavées dans les fontaines. J’avais lavé mon bleu de chauffe de mécanicien et je l’avais renfilé mouillé mais Il faisait chaud, ça a séché sur la bête. On s’était un peu coiffées, refait une tête décente. Ma petite amie avait une robe blanche qu’on a aussi lavée et qu’elle a renfilée sur elle. Donc on s’est dit “Que fait-on ?”. On avait un peu de sous, mais on était toujours pieds nus parce que quand vous avez marché 35 km dans les chaumes, vous ne pouvez plus enfiler de chaussures, et puis on voulait garder ça pour aller en ville. Alors on est arrivées en ville et on est allées à la gare. Elle m’a dit “Si on a des sous, on peut prendre un billet.” Mais pour où ? “On peut aller à Toulouse où à Arles.” À Arles, on avait une adresse de gens qui étaient des résistants, des communistes, et on savait qu’ils pouvaient nous aider. Mais le train pour Marseille repassait par Gaillac, c’est-à-dire l’endroit d’où on venait… Autrement il y avait un train le lendemain mais on ne voulait pas rester à Albi pendant la nuit, on était recherchées quand même… Alors on a pris ce train qui, au lieu de s’arrêter 1 minute à Gaillac, est resté à peu près 20 minutes en gare. On s’était réfugiées dans les toilettes. Ils ont fouillé le compartiment, ils ont tapé à la porte des toilettes et on a entendu un des fouilleurs dire “C’est sûrement condamné”, et ils sont repartis. Ce qui est drôle c’est que les trains étaient bondés à l’époque et les gens des compartiments ont compris que c’était nous qu’on recherchait, des filles sans chaussures, un peu échevelées quand même – J’avais les cheveux très longs – et à ce moment-là, on sentait que les Allemands n’avaient pas tout gagné. Les gens n’ont rien dit et au contraire ils nous ont fait des petits sourires entendus…


“On n’a rien pu manger”

On est descendues du train à Arles, où notre contact communiste était. L’adresse était dans le quartier de la gare. C’était sinistre, c’était le couvre-feu, toutes les fenêtres et portes étaient masquées, on ne voyait aucune lumière. C’était au 13 de rue de la Cavalerie – si mes souvenirs sont bons. On a poussé la porte, on ne savait pas où on allait. C’était un café en forme de couloir, remplis de soldats allemands, et au fond de ce café, il y avait le zinc et derrière, il y avait le patron qui nous a vu arriver. Je soutenais ma pauvre petite amie qui ne pouvait plus marcher. Les Allemands étaient là : “Kranken Fuss ?”… Et il nous a dit : “Faites le tour !”, ce qu’on a fait. On est arrivées dans l’arrière-boutique du café. Il nous a demandé d’où on venait. On lui a dit qu’on était évadées, on lui a raconté notre histoire. Il a dit “Écoutez, vous allez dormir dans notre lit parce qu’on n’a qu’une chambre au-dessus du café, je ne veux pas que vous circuliez à Arles, et je vais vous faire à manger.” On était depuis 24 heures sans avoir avalé quoi que ce soit… On était dans un état de jubilation fabuleuse. Il n’y a pas une sensation plus exaltante que retrouver la liberté. Un état de surexcitation, d’exaltation fantastique, on n’arrêtait pas d’avoir des larmes qui coulaient, de s’embrasser… Ces gens étaient très gentils, ils ont dû tuer un lapin et nous le faire, fricassé. On n’a rien pu manger, rien pu manger… On a dormi dans leur lit, ils sont allés dormir ailleurs, et le lendemain ils nous ont envoyés chez des paysans pour nous cacher. 

“On était enragés”
C’était un membre des Mouvements unis de la Résistance (les Murs) et la personne qui s’occupait des services sociaux de cette organisation était la sœur de Georges Bidault (futur président du Gouvernement provisoire de la République), Élisabeth Bidault, dont l’adjointe était précisément Bernadette Ratier chez qui j’avais été arrêtée. Alors il a fait passer un message – on n’a pas donné nos noms bien sûr, juste dit que nous venions de Brens – et mon amie Bernadette Ratier a dit “Il y a 36 raisons de penser que c’est Colette Lucas”. Alors elle a envoyé quelqu’un en disant “Est-ce que vous voulez reprendre du service ?”. J’ai dit oui tout de suite. Vous savez, on était enragés à ce moment-là, on était plus dangereux qu’avant… Mon amie a dit oui aussi “mais il faut juste que je repasse dans ma famille – elle était de Gap – je reprendrai du service dans mon coin, je ne veux pas remonter dans le Nord” – Lyon à ce moment-là, c’était le Grand Nord. Elle l’a fait, elle a été arrêtée encore, cette fois par la Gestapo, elle s’est jetée d’un premier étage au-dessus d’un café, elle est tombée dans le store du café et est partie à pied. C’est quelqu’un…


Le réseau Combat
Et à ce moment-là, on m’a proposé de monter à Lyon pour m’engager dans le réseau Combat, un réseau moins ancien que celui du Musée de l’Homme mais qui était très important. Et là je travaillais avec des gens que je connaissais : un confrère de mon mari qui s’appelait Jean Bloch-Michel – et il y avait le professeur Bloch-Michel qui a été assassiné par les Allemands – et puis il y avait beaucoup de gens connus qui venaient, qui passaient. Là j’ai fait l’agent de liaison. On allait chercher de l’argent à la frontière suisse. Et à ce moment-là mon mari a été libéré (en février 44). J’avais eu des nouvelles parce que nous avions eu en prison le même avocat, Gaston Deferre, et quand je me suis évadée, je savais où il était : il avait été transféré dans une ferme-prison. Je suis allée le voir à vélo d’Arles à Assenas. La ferme-prison était gérée par des Dominicains et je suis arrivée devant un très beau Dominicain barbu, j’ai dit “Je voudrais voir René Sanson”. Il m’a demandé si j’étais parente, j’ai répondu “Pas du tout” et j’ai donné mon nom, Colette Lucas. Et comme mon mari recevait des lettres de moi quand même en prison, il m’a dit “Mais vous êtes évadée !” “Oui, mais ça ne m’empêche pas de le voir”. Donc je l’ai vu. On avait quand même eu des nouvelles, mais c’était difficile parce qu’à Lyon c’était très dangereux. La milice était deux fois plus dangereuse que la Gestapo. C’était effrayant. Alors on bougeait beaucoup… J’étais à Combat avec une fille qui était absolument merveilleuse qui n’était pas encore la femme de Charles de Chambrun à ce moment-là, je crois qu’elle s’appelle Élisabeth. On bougeait énormément, on changeait d’appartement pour pas être repérés. 



“Le doigt de Dieu m'a épargnée”
Quand mon mari a été libéré, par un tour de passe-passe de la Résistance qui a mis son dossier dans un paquet de libérables, il a reçu sa levée d’écrou et il est arrivé à Lyon chez moi à un moment où j’étais très malade. J’avais attrapé bronchite sur bronchite. Vous savez, on était des mystiques à ce moment-là, on n’était pas normaux. Je trimballais de l’argent par paquets (des briques, c’est le moment de le dire) mais on n’en distrayait pas un centime – ce qui fait que j’avais des chaussures de paille qui faisaient le crocodile et j’étais tout le temps malade, je n’étais pas bien du tout. Mon mari est allé trouver son confrère Jean Bloch-Michel en disant “Vous voulez la tuer ? Je l’emmène à Paris”. Nous sommes partis de Lyon le 29 février 44 et le lendemain – le doigt de Dieu m’a épargnée – tout le bureau où j’étais a été arrêté. Ils ont été transférés au Fort Saint-Jean. La plupart de ces gens sont morts. Beaucoup ont été déportés, d’autres sont restés au Fort Saint-Jean, ont eu des maladies… Jean Bloch-Michel est mort beaucoup trop jeune… Il avait des séquelles, il avait été battu à mort. C’est horrible. Et donc mon mari est rentré avec moi. On m’a collée dans un hôpital. J’avais une tension tellement effondrée qu’on n’arrivait plus à la prendre. J’ai retrouvé Bernadette Ratier et Élisabeth Bidault qui m’ont apporté pour leur première visite une mémorable bûche roulée au chocolat. Je ne savais plus ce que c’était. On m’a requinquée un peu avec de la nourriture, un peu de repos. Pendant ce temps-là, mon mari avait rencontré un garçon qui était un type merveilleux, un avocat, ancien premier secrétaire de la conférence des avocats, qui s’appelait Émile Laffon. Un génie, une lumière. Il était au gouvernement provisoire de la république clandestin et c’est ce gouvernement qui a organisé le territoire français pour que les Américains ne nous mettent pas à leur botte. Au moment où les Allemands partaient, ils avaient déjà nommé des préfets, des commissaires de la République et quand les Américains sont arrivés, sur place il y avait déjà des autorités issues de la Résistance. Ce travail a été fait en grande partie par Laffon, qui était d’une intelligence formidable. Il est mort hélas. Mon mari s’est intégré au gouvernement provisoire, qui se réunissait clandestinement du côté de l’Hôtel de ville. Et au moment de la Libération de Paris, il y avait des barricades pratiquement partout, du côté de l’Hôtel de ville. Mon mari a failli se faire tuer sur une barricade : en voulant la sauter, il a reçu un coup de fusil. Il a eu de la chance de s’en tirer, il a perdu une pipe qu’il pleure encore – enfin plus maintenant parce qu’il ne fume plus, mais il l’a pleurée pendant des années  !


“Les gens ne sont pas de moines…”
Tout naturellement au moment de la Libération, il s’est retrouvé au ministère de l’Intérieur, au cabinet du ministre qui était à ce moment-là – si mes souvenirs sont bons – Adrien Tixier. C’était un ancien mutilé de la guerre 14-18, une teigne… mais enfin il a fait un très bon boulot. Dans le cabinet il y avait Pierre Mendès-France et Edgar Faure et un jour mon mari est rentré en disant “Je viens de rencontrer un confrère. Celui-là, on en parlera, il est extraordinairement intelligent. C’est Edgar Faure.” Tixier étant caractériel, mon mari s’est dit “Un jour, je vais faire un éclat, ça ne va pas plaire.” Alors Mendès-France lui a offert une place à son cabinet, il y a émigré. C’était l’époque de la préparation des Nations-unies. Entre temps, on s’était un petit peu mariés quand même. Il a fallu d’abord qu’on s’établisse de vrais papiers. On faisait la queue pour se marier. Dans les cabinets, on ne pouvait pas partir parce qu’un tel se mariait, tout le monde régularisait 4 ans de guerre… Les gens ne sont pas des moines… Il y a eu des brouettées de mariés à ce moment-là. On s’est mariés le 19 janvier 1945. 



“Il marche encore ce savon !”
Et mon mari a été envoyé à San Francisco en avril pour la rédaction de la charte des Nations-unies. Il est parti dans un avion à hélice – puisqu’à l’époque les jets n’existaient pas – pour New York et il a traversé les États-Unis en train, ce qui était éblouissant d’après lui. Je n’ai jamais fait ça, j’en rêve… Ils ont mis 4 jours, et il est arrivé dans une ville qui n’avait pas beaucoup entendu parler de la guerre, un peu comme les Français de base qui entendent parler de la guerre au Rwanda aujourd’hui… Finalement la guerre les a concernés dans le sens où quelques boys ont été touchés… Ce n’était pas du tout leur affaire dans le fond… Il est arrivé dans un pays en pleine prospérité alors qu’ici nous étions encore en état de misère. Il était dans un très joli hôtel qui s’appelait le St. Francis et, tous les matins, on lui changeait son savon. La femme de chambre noire prenait le savon qui avait juste été utilisé une fois et le mettait dans les corbeilles à papier. Il lui a dit “Mais non, il marche encore ce savon !”. Alors elle lui a donné une poignée de savons, qu’il a rapportés d’ailleurs. Donc il était parti avec la délégation française qui – si mes souvenirs sont bons – était menée par Paul-Boncour et ensuite par Georges Bidault. Ils étaient dans cet hôtel avec pas mal de délégations étrangères, dont la délégation russe, et mon mari avait Molotov dans la chambre en-dessous de la sienne. Toute la construction de cette charte a été très compliquée. Il y avait eu une réunion préparatoire à Londres, sans doute début 45, et déjà à ce moment-là, ils pensaient bien que les choses allaient être très difficiles à manipuler. D’abord parce que pour les Soviétiques, il y avait des républiques, donc ils avaient un nombre de voix exorbitant par rapport à l’Amérique qui avait une voix. Ils avaient l’Ukraine, la Biélorussie, le Caucase etc. qui n’étaient pas plus indépendants que votre chaussure par rapport à votre pied. 


Un bikini dans une valise diplomatique
Mon mari y est resté 3 mois à San Francisco. Il nous a beaucoup ravitaillés par la valise diplomatique. Nous on n’avait rien parce que quand je suis partie du camp je n’avais rien du tout, et je n’avais plus grand chose chez mes parents non plus. C’est très dur ce que je vais dire mais c’est vrai : il y a eu un moment quand il n’ont plus du tout eu de nouvelles où ils ont cru que j’étais morte. Et ils se sont partagé mes vêtements… Alors il m’en a envoyé beaucoup. Entre autre, il m’a envoyé le premier bikini – ça ne s’appelait pas encore comme ça à l’époque, c’était un deux-pièces – dans la valise diplomatique de l’Amiral Thierry d'Argenlieu, qui ne savait pas ce qu’il transportait bien sûr. C’était drôle ! Et des manteaux, des choses comme ça, quelques denrées diverses et variées… Là il s’est fait de solides amitiés avec des gens du Quai d’Orsay, entre autres avec Pierre Chatenay qui a été ministre de l’Intérieur, qui est resté notre ami jusqu’à sa mort il y a quelques mois. Il y avait Jean Béliard qui a été ambassadeur au Brésil, au Canada et un garçon qui s’appelait Roger Vaurs, un génie des relations publiques. Il a été pendant très longtemps notre représentant à l’ambassade de France à New York avec la presse. Tous les grands journalistes venaient chez lui. On a eu des soirées scintillantes, extraordinaires, avec toute la presse américaine, et nous essayant d’expliquer notre cas – ce qui n’était pas facile. Les Américains sont toujours très repliés, c’était difficile de les concerner. Enfin, ça a été très amusant. Et il est rentré enchanté de San Francisco.


L’histoire de l’appartement du 5e étage
Au moment de la Libération de Paris, nous habitions rue de la Source et nous vivions dans le péché puisque nous n’étions pas encore mariés. Pas commode de se marier avec de faux papiers… Un jour, il y a un des petits militants qui est venu trouver mon mari. Il était extraordinaire ce gars-là. C’était juste aux moment de la Libération de Paris, et lui il était affublé… Il avait un casque de la première guerre mondiale, un treillis – je ne sais pas où il se l’était procuré –, une carabine sur l’épaule, des boots… C’était un assemblage incroyable. Il a dit “Vous savez patron, j’ai trouvé un appartement de nazis, il est plein de photos de Goering et d’Hitler. Vous devriez aller voir ça parce qu’il est naturellement réquisitionnable.” À ce moment-là, mon mari était chargé de mission au ministère de l’intérieur de la Libération, Adrien Tixier. On est allés tous les deux, on a vu cet appartement qui avait été déménagé en toute hâte : on voyait qu’ils avaient emporté tout ce qu’ils pouvaient. Et on a eu une réquisition pour cet appartement. Mais mon mari a dit “Je ne veux pas être sous réquisition, je veux louer.” Ça appartenait à la Fondation Cognacq-Jay qui possédait un certain nombre d’immeubles dans le quartier, et qui nous a loué comme à n’importe quel pékin. On n’a pas eu de traitement de faveur. Les années ont passé. Un jour, on a appris que l’appartement était à vendre parce qu’avec la loi de 47, les propriétaires étaient lésés, ils n’avaient pas le droit d’augmenter les loyers et ils avaient toujours à leur charge les grosses réparations, ils ne s’en sortaient plus. La fondation, ne faisant plus de bénéfices sur ces immeubles, a vendu à bon prix. On a fait un emprunt et finalement on est devenus propriétaires. Mais au départ c’était effectivement l’appartement de bons nazis : le mari allemand, la femme française, la fille dont on a retrouvé la carte des Hitlerjugend… Ils ont essayé de récupérer leur appartement à un moment donné en disant “Nous avons été déportés, arrêtés par les Allemands”. Mais heureusement il y avait des témoins, les concierges d’à côté, le concierge d’ici, qui ont dit qu’on était venu les chercher en Mercedes et qu’il y avait des soldats qui portaient les valises. On s’est dit que ce n’était pas une façon de déporter les gens…
 

De Gaulle
On n’a pas entendu l’appel de juin 40. Très peu de gens l’ont entendu. Quelques jours après, le commandant de l’équipe de l’école militaire est venu faire une conférence pour tous les officiers, une conférence absolument prémonitoire. Il a dit “Cette guerre va durer. Les Américains ne sont pas en route.” Et il a parlé d’un général français : “il s’appelle de Gaulle, ce doit être un pseudonyme”. Ensuite il a pris ses renseignements et savait très bien qui était de Gaulle. La première fois que je l’ai vu, c’était après la guerre, à la première de
La folle de Chaillot au Théâtre de l’Athénée. C’est mon mari qui, en tant que président des Résistants de 40, était bénéficiaire de la recette de la pièce pour les gens qui étaient dans le besoin, dont je vous dis tout de suite qu’ils ne sont pas très nombreux : on est à peu près 500… les cinglés, les dingues, les mystiques. De Gaulle avait dit qu’il n’assisterait à aucun spectacle avant le retour des prisonniers déportés.
Il a fait une exception ce soir-là parce que c’était pour les Résistants de 40. Nous étions donc dans la même loge. Je dois dire que c’est la chose la plus impressionnante de la Terre, le Général de Gaulle. On a fait tout ce qu’on pouvait en son nom. J’étais d’une famille très patriote. Pendant la Première guerre, ma mère avait envoyé à mon père une photo de ma sœur avec lui (prise au cours d’une permission) – moi je n’étais pas en projet à ce moment-là – en écrivant “Je sais ce que tu dois souffrir mais c’est pour notre France chérie”. J’ai bu ce lait-là et donc quand on voit le général de Gaulle en chair et en os… Quand je dis la chose, c’est vraiment une chose… c’était une montagne. Il était hors du réel, hors du temps. 

“Le dernier des Mohicans”

Après la Libération j’ai voulu être enceinte tout de suite – ce qui est idiot parce que j’étais à bout de forces, on était tous à bout de forces – et j’ai eu un enfant qui n’a pas vécu, qui était un garçon, né à 7 mois. À la clinique, quand j’ai eu Véronique, mon mari a engueulé le médecin en disant “Comment, encore une fille, c’est pas possible ?!”, et ce vieux docteur Guillemin lui a répondu “Mais je n’y suis pour rien”. “Oui, mais je vais être le dernier des Mohicans…”. Bon finalement ce ne sera pas le dernier des Mohicans, parce que son nom ne sera pas tout à fait perdu… Il voulait absolument un garçon, moi ça m’était complètement égal, je trouvais que les filles c’était drôlement bien.

Le V de la victoire pour les prénoms des deux filles ?
C’est vrai en partie. Mon mari était fasciné par
L’annonce faite à Marie et il a dit “Si j’ai une fille, je l’appellerai Violaine” et moi j’ai dit “Je ne veux pas que vous appeliez ma fille Violaine. Si j’ai une fille, je voudrais qu’on l’appelle Marie”… et comme c’est lui qui est allé la déclarer à la mairie, il est revenu en disant “Bon ce sera une Violaine quand même” ! J’étais furieuse parce que c’est un prénom qui oblige. “Et si elle est moche ?” Il m’a répondu “Elle ne peut pas être moche.” Après on a été dans les V. J’avais pensé à Victoire justement, mais on a pris Véronique. Je trouvais que c’est une très belle figure de la religion catholique. C’est Véronique qui a essuyé la face du Christ et la face du Christ s’est imprimée sur le linge qu’elle avait utilisé.  




Pour compléter cet entretien
On trouve en ligne un documentaire (réalisé en 1994) sur les camps de concentration de femmes en France pendant la guerre dans lequel Colette Sanson témoigne. À regarder ici



À Brens, on montait des petits spectacles. Je chantais Du gris que l’on prend dans ses doigts et qu’on roule, Johnny Palmer qui était une très belle chanson réaliste. Je crois que je faisais 4 ou 5 chansons. Et je faisais la présentation, la meneuse.



Le 15 juillet 1970, l’empereur Hiro Hito est accueilli
par René Sanson,
Commissaire Général de la délégation
française à l’Exposition universelle d'Osaka,
Colette et Violaine.
Images du journal télévisé de 20 h
(le document étant sauvegardé sans le commentaire, j'y ai ajouté un fond sonore.)




Colette Sanson chez elle avec Gershwin en septembre 1980. Photo LC

9 commentaires:

  1. je crois que je vais un peu moins me plaindre??????

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  2. Merci d'avoir retranscrit ce récit passionnant, émouvant, édifiant.
    Quelle femme !
    Et elle a l'élégance de ponctuer ses souvenirs d'un humour très fin.
    Quelle classe !

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  3. Merci infiniment pour cette retranscription... C'est passionnant, de bout en bout ! Et en même temps on retient l'humour et le détachement de Colette, jamais dans la plainte ou la nostalgie. Un document inédit, riche et captivant... Un vrai scenario pour un film, c'est fou !!!

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    1. Merci GCD ! Ça a été un vrai plaisir à retranscrire aussi !

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  4. bonjour adhérente du groupe local Tarn de la Cimade, nous avons le projet de faire une expo sur le camp de Brens. Puis-je utiliser la photo du spectacle de Brens publiée sur votre site, sur la page consacrée à la maman de Véronique Sanson? si oui connaissez -vous les noms des personnes sur la photo? je vous remercie pour votre réponse.

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    1. Bonjour, oui bien sûr vous pouvez l'utiliser mais je ne connais pas les noms des autres personne sur la photo…

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    2. Merci beaucoup, je mettrais votre site comme référence du coup.

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  5. j'ai bien aimer l'histoire de colette sanson,une histoire assez triste et émouvante

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